Bertrand Paoloni

Thèse en préparation

Christiaan Huygens, les plagiaires larrons et l'irruption de l'isochronisme : l'invention des premières horloges à pendule (1656-1673). Sous la direction de Giovanna Cifoletti (EHESS-CAK).

Deuxième fils d'un grand poète et diplomate néerlandais, Christiaan Huygens (1629-1695) a commencé très tôt sa carrière dans la société savante européenne du XVII^e siècle, en se distinguant dans le domaine des mathématiques et de l'astronomie d'observation. Parmi ses premières réalisations figurent des études de géométrie classique dans les traditions archimédienne et apollinienne, une approximation de la valeur de pi, le premier traité imprimé sur les probabilités et la découverte des anneaux de Saturne. En plus de toutes les découvertes et inventions qui ont contribué à la renommée de ce savant pluridisciplinaire, son adaptation du pendule aux horloges mécaniques en tant que régulateur, l'a sans nul doute lié indéfectiblement à la longue histoire de la mesure du temps. Ainsi, le célèbre horloger du siècle des Lumières, Ferdinand Berthoud, estimait que : « jusqu’à Huygens l’horlogerie pouvoir être considérée comme un art mécanique qui n’exigeoit que de la main d’oeuvre ; mais l’application qu’il fit de la géométrie et de la méchanique pour ses découvertes, ont fait de cet art une science où la main-d’oeuvre n’est plus que l’accessoire. » 

Cependant, une telle héroïsation de la contribution du savant néerlandais à l'histoire du développement des premières horloges à pendule ne résiste pas à une analyse détaillée des sources dont nous disposons, qu'il s'agisse de la correspondance de Huygens avec ses nombreux interlocuteurs ou de l’examen des mécanismes des horloges de cette période. Dans le cadre de notre recherche, nous nous proposons d’étudier dans un premier volet le rôle d'acteurs oubliés par les récits simplificateurs de l'invention des premières horloges à pendule, en mettant en évidence les apports techniques d'horlogers restés dans l'ombre du grand savant hollandais. Dans en un second volet de notre enquête, nous nous intéressons plus spécifiquement à l’importance d’innovations mathématiques du XVIIe siècle dans la mise au point de ces premiers instruments de mesure du temps parfaitement isochrones. Pour ce faire, nous nous concentrerons sur l'utilisation par Christiaan Huygens dans ses recherches mathématiques d'une énigmatique méthode algébrique offrant de multiples applications.

Thèmes de recherche

- Instruments de mesure du temps à l’époque moderne : horloges à pendule, montres, cadrans solaires…

- Hybridation entre science et technique à l’époque moderne

- Héritage de la tradition algébrique française dans le contexte hollandais du milieu du XVIIe siècle

- Historiographie des sciences et des techniques au XXe siècle : Alexandre Koyré et Lewis Mumford

Mémoires de recherche

Un artefact moderne pour la mesure du temps, l’horloge à pendule de Christiaan Huygens. Mémoire de Master 2 de l’EHESS, mention « Histoire des sciences, technologies, sociétés » sous la direction de Giovanna Cifoletti (EHESS-CAK).

Publications

Bertrand Paoloni, « L’art de l’analyse de Christiaan Huygens, de l’Algebra à la Geometria », Revue de Synthèse, tome 143, 7e série, n°3-4, 2022.

Communications orales

Intervention dans le séminaire de Liliane Hilaire-Perez (EHESS-CAK), Fabien Simon (Université Paris Cité-GHES) et Marie Thebaud-Sorger (CNRS-CAK), « L’expérience des techniques : collections, reconstitutions, savoirs et savoir-faire », 14 octobre 2022 : « Christiaan Huygens, les plagiaires larrons et l’irruption de l’isochronisme : l’invention des premières horloges à pendule (1656-1673) ».

Rendez-vous de l'histoire de Blois, Édition 2021 « Le travail », 08 octobre 2021 : table ronde « L'hôpital, l'atelier et le jardin : apprendre son métier, du XVII^e au XIX^esiècle » (à écouter). Avec Laurence Lippi (EHESS-CAK), Abigaëlle Marjarie (EHESS-CAK), Laure Pennanech (EHESS-CAK) et Bérengère Pinaud (EHESS-CAK).

Intervention dans le séminaire de Leopoldo Iribarren (EHESS-AnHiMA) et Barbara Carnevali (EHESS-CESPRA), « Les philosophes et les machines au XXe siècle », 14 avril 2021 : « Lewis Mumford, Technique et Civilisation (1934) / Le Mythe de la Machine (1966) ».

Intervention dans le séminaire de Grégory Chambon (EHESS-AnHiMA) et Morgane Labbé (EHESS-CRH), 17 février 2021, « Anthropologie des pratiques de mesure » : « Christiaan Huygens, les plagiaires larrons et l’irruption de l’isochronisme : l’invention des premières horloges à pendule (1656-1673) ».

Intervention dans le workshop animé par Massimo Mazzotti (CSTMS, Berkeley) et Giovanna Cifoletti (EHESS-CAK), « Algebraic Language and the Algorithm : The Art of Thinking, Thinking Machines and Machines’ Thinking », mars 2020 : « Thinking time with an object : the invention of the pendulum clock, from Galileo to Huygens ».

Intervention dans le séminaire de Giovanna Cifoletti (EHESS-CAK), Marc Chemillier (EHESS), Sophie Desrosiers (EHESS) et Eric Vandendriessche (SPHERE-CNRS), « Pratiques, artefacts et mathématiques : anthropologie, histoire, ethnomathématique », 26 avril 2017 : « Astronomie et mesure du temps, la méridienne de San Petronio ».

Intervention dans le séminaire de Jacques Revel (EHESS-CRH) et Sabina Loriga (EHESS-CRH), « Les formes du temps historique », 19 février 2016 : « Du régime mythologique au régime d’historicité ».

Enseignements

Co-organisateur du séminaire doctoral du Centre Alexandre-Koyré (2020–2021).

Autres

Participant à l’École du GDR “Histoire des mathématiques” au CIRM (Luminy, Marseille) du 6 au 10 novembre 2017.

Dernière mise à jour : novembre 2022