Type d'événement, date(s) et adresse(s)
Colloque et journée(s) d'étudeProduire du nouveau ? Arts -Techniques - Sciences en Europe (1400-1900)
Ce colloque organisé par la Société des Arts en partenariat avec l’Université de Genève et le Centre Alexandre-Koyré donne la parole aux historiens et aux chercheurs en sciences sociales s’intéressant aux arts, aux techniques et aux sciences afin d’explorer les processus sous-tendant la production du nouveau.
Le colloque est ouvert au public et gratuit. Inscriptions en ligne sur le site de la Société des Arts de Genève
Argumentaire
La période moderne, nourrie des idéaux de la Renaissance, a joué un rôle essentiel dans la description, l’analyse et l’historicisation des processus de la nouveauté, en codifiant et en illustrant ses procédés et ses résultats. Ce mouvement d’ouverture et de diffusion des connaissances fut au cœur même des entreprises académiques, des sociabilités savantes et des publications lettrées. L’écran des textes dissimule toutefois la richesse des pratiques et les innovations d’atelier que l’on ne peut réellement reconstruire qu’à travers l’étude conjointe des archives, des objets et des œuvres, laquelle met souvent en échec une lecture naïve et littérale des traités.
Cette complexité dialectique des relations entre théories et pratiques est notamment l’objet de l’histoire sociale et culturelle, qui met l’accent sur les contextes, les aspects matériels, les réseaux et les rapports sociaux au sein desquels prend place et se construit l’idée de nouveauté. Dès la Renaissance, la production du nouveau est polymorphe. Ses formes, ses pratiques et ses lieux de savoirs se démultiplient. À la rationalisation de l’invention dans l’imprimé, telles les réductions en art, répond la variété des pratiques artistiques, techniques et savantes dont la circulation ne cesse de s’amplifier. Mais les nouveautés dépendent aussi des contextes juridico-politiques : les États, les municipalités et les corporations mettent en place des dispositifs de protection et d’incitation (patentes, privilèges, financements, honneurs, naturalisation, charges, pensions, etc.) pour encourager les inventeurs et pour attirer des artisans qualifiés de l’étranger. Toutefois, les mécanismes de production, les cadres contextuels et l’ampleur des effets du nouveau sur les sociétés diffèrent évidemment au long de la période, ainsi que selon les aires géographiques.
Pour autant, existe-t-il des processus d’innovation propres à ce que nous appelons aujourd’hui, en les distinguant, les « arts », les « techniques » et les « sciences » ? Un peintre, un ingénieur et un savant « inventent »-ils différemment, à une époque où les frontières sont ténues, comme l’indique bien l’utilisation des termes d’« arts » et d’« artiste » jusqu’au XIXe siècle ? Les assujettissements sociaux et économiques – commandes et marchés, contraintes de temps et d’argent, enjeux de pouvoir – fonctionnent-ils de manière analogue dans ces contextes différents ? À travers des études de cas et des études comparées, il s’agira de penser dans sa diversité et ses ambiguïtés la production du nouveau en contexte. Faut-il penser que le nouveau est le produit de combinaisons inédites issues de matériaux déjà existants ? Que retenir du mythe du génie inventif et de l’inventeur héroïque qui voudrait que les novateurs – artistes, artisans, savants, industriels, chercheurs – n’innovent véritablement qu’en faisant table rase ?
À l’heure où les historiens recherchent les conditions d’un discours intégrant les apports de l’histoire intellectuelle, économique, culturelle, de l’histoire et de la sociologie des sciences, des arts et des techniques, de l’histoire des pratiques, de l’histoire matérielle et de l’épistémologie, il est légitime de se demander quels sont les facteurs d’intégration et de dispersion du nouveau. Afin d’explorer la question du nouveau, ce colloque s’adresse aux historiens et chercheurs en sciences sociales s’intéressant aux arts, aux techniques et aux sciences.
Jeudi 23 novembre 2017
12h30 Accueil
13h Bienvenue et introduction
13h15 Conférence inaugurale
Gabriel GALVEZ-BEHAR, Université de Lille – SHS : L’invention de la propriété intellectuelle et les frontières mouvantes de la création
14h15 Invention et mémoire
Naïs VIRENQUE, Université de Tours/Lyon 3 : L’art de la mémoire au prisme de la méthode : de la nouveauté à l’imposture, histoire d’une pratique codifiée à l’époque moderne
Pascal DUBOURG-GLATIGNY, CNRS, Centre Alexandre-Koyré : Invention et nouveauté dans la pratique de l’architecture à la Renaissance
15h30 Invention et mémoire (suite)
Soersha DYON, EPHE, Paris : La mauresque en France à la Renaissance : reprise d’un motif oriental ou création d’un nouveau type d’ornement ?
Audrey MILLET, Université Paris 7 – Paris Diderot, EA ICT : Nouveauté et antériorité : le succès d’une stratégie marketing (France-Angleterre, XVIIIe-XIXe siècle)
17h Innovations, territoires, transferts
Sophie FRADIER, Université de Toulouse Jean-Jaurès : L’innovation dans l’architecture des frères Souffron (vers 1554-1649)
Chonja LEE, Université de Berne : A Taste for the Exotic : Artistic innovation in the Swiss Indiennes Manufactories
Président de session : Jan Blanc
18h15 Fin de journée
Vendredi 24 novembre 2017
8h30 L’invention intellectuelle
Ulrich MOSCH, Université de Genève : Musique comme produit de la réflexion – Beethoven comme innovateur
Olivier SECARDIN, Université d’Utrecht : Diderot et la nature de l’art ou comment hybrider les discours
Kieran MURPHY, University of Colorado : The Volatility of the New: Electromagnetic Creativity in Nineteenth-Century Literature and Science
10h35 Qu'est-ce qu'un inventeur ?
Peter M. JONES, University of Birmingham : Thinking "outside the box": How does a Craftsman become a Steam Engineer? The Case of James Watt (1736-1819)
Anne CHANTEUX, Conservatoire national des arts et métiers, Centre Alexandre-Koyré : Femmes inventrices au XIXe siècle
Présidente de session : Liliane Hilaire-Pérez
11h45 Pause déjeuner
13h15 Qu'est-ce qu'un inventeur (suite) ?
Amandine GABRIAC, Université Paris Diderot-Paris 7, EA ICT : Inventer la photographie au XIXe siècle : acteurs, innovation et nouveauté. Fonds patrimonial des brevets d’invention, Institut national de la propriété industrielle (INPI)
Rémy CAMPOS, Haute École de Musique, Genève : Une communauté artisanale face à l’innovation : les professeurs de piano au milieu du XIXe siècle
Président de session : Sylvain Wenger
14h25 Le progrès des arts réunis
René SIGRIST, Université de Lausanne : Perfectionner les sciences et les arts : le cas de Genève, 1750-1850
Morwena JOLY, Centre des Monuments nationaux, Paris : Produire du « nouveau » pendant la Révolution française, fonder le lien entre art et révolution
15h55 Le progrès des arts réunis (suite)
Anne HOUSSAY-DICKSON, Musée de la Musique, EA ICT : Produire un son nouveau : transformations techniques du violon entre baroque et romantisme
Marion WECKERLE, Université Paris I Panthéon-Sorbonne : Innovations musicales et historicité : la facture instrumentale et le jeu de la clarinette historiquement informé
Président de session : Jérôme Baudry
18h De l'innovation musicale (conférence au piano)
Philippe MANOURY, compositeur, titulaire de la chaire annuelle Création artistique du Collège de France 2016-2017
Samedi 25 novembre 2017
9h Les réthoriques de l'invention
Ana Teresa DE SOUSA, Université d’Évora : Military Engineers and the evolution of the fortification system – Theory and Practice in the context of the Portuguese Restoration War (1640-1668)
Benjamin BOTHEREAU, EHESS, Centre Alexandre-Koyré : Rationalisation des discours et pratiques de la nouveauté́ : la lanterne ‘à réverbères’ au Concours Sartine et dans la presse d’annonces techniques, Paris, 1740-1770
10h30 Les réthoriques de l'invention (suite)
Cristiana OGHINA-PAVIE, Université d’Angers : Roses nouvelles au XIXe siècle. Pratique, science et discours de l’obtention horticole
Thierry RENAUX, EHESS, Centre Alexandre-Koyré : Un nouveau métal au XIXe siècle, l’aluminium (1800-1865). Inventions, débats et controverses en France et en Europe
Président de session : Marc Ratcliff
11h40 Conclusions
12h30 Clôture
Comité scientifique et d'organisation : Jérôme Baudry (Université de Genève, Faculté des sciences), Jan Blanc (Université de Genève, Faculté des lettres), Liliane Hilaire-Pérez (Université Paris-Diderot et EHESS, Centre Alexandre-Koyré), Marc Ratcliff (Université de Genève, Faculté de psychologie et sciences de l’éducation), Sylvain Wenger (Université de Genève, Faculté des sciences de la société et Société des Arts), Etienne Lachat (Secrétaire général de la Société des Arts de Genève)
Contact : Sylvain Wenger patrimoine@societedesarts.ch