Type d'événement, date(s) et adresse(s)Colloque et journée(s) d'étude

Université Paris Diderot, Halle aux farines, 6 rue Françoise Dolto, 75013 Paris, Hall E – 1er étage, salle 165E

Les ingénieurs, des intermédiaires ?

Transmission des connaissances et coopération chez les ingénieurs (Europe, XVe-XVIIIe s.)

Élément jointTaille
Programme2.34 Mo
Visuel

Si les enseignements dans les écoles d’ingénieurs du XVIIIe siècle sont de mieux en mieux connus, y compris la formation de l’être social de l’ingénieur (Stéphane Blond, Sébastien Pautet), et si les corpus savants sur lesquels s’est fondé cet apprentissage depuis le XVe siècle ont fait l’objet d’études renouvelées (Brice Cossart pour les artilleurs), bien des questions restent en suspens.

D’une part, l’acquisition des savoirs dans un cadre scolaire ou dans une relation de maître à élève est à envisager sur la longue durée en termes de méthodes pédagogiques, de validation des connaissances, de rapport à l’écrit, au dessin, aux modèles, aux exercices pratiques, y compris par l’étude des travaux d’élèves. Ces enseignements posent la question de la connaissance pour l’action, éventuellement de la connaissance dans et par l’action ce qu’il conviendrait de préciser. Leur étude interroge aussi la relation entre le maître et l’élève, une forme de coopération que ne permet pas l’enseignement livresque et qui a connu des formes variées. La synthèse d’Hélène Vérin et d’Irina Gouzévitch fournit une utile typologie des écoles d’ingénieurs à partir de leurs diverses origines. L’enjeu est de poursuivre l’analyse des modèles pédagogiques et du rôle concret des enseignants, ceux auteurs de traités tel Bélidor, ceux que l’on peut qualifier d’experts, avant tout investis de connaissances pratiques, sachant que la transmission de maître à élève peut aussi bien avoir lieu sur le terrain, y compris sur le champ de bataille.

D’autre part, des travaux tels ceux d’Hélène Vérin et de Chandra Mukerji, ont montré que les connaissances acquises lors de la formation ne suffisent pas à résoudre les difficultés nées sur le terrain, lors des chantiers. Ces limites ont suscité les réflexions des ingénieurs sur la nécessaire coopération avec des acteurs alors même que ceux-ci disposent de savoirs divers. L’enjeu est de comprendre ce qui est transmis, et selon quelles modalités, pour qu’un projet se réalise – ce que recouvre la notion de « trading zone » pour Pamela O. Long. Il s’agit bien de transmission mais aux marges des savoirs constitués avec leurs propres normes, règles et attendus. Quel type de savoir est alors convoqué en vue de l’efficacité ? Jusqu’à quel point cette diversité rend-elle ces savoirs irréductibles ? Comment parvenir à se faire comprendre, à partager ? Peut-on dégager des évolutions ?  C’est un problème posé par les ingénieurs eux-mêmes - et par les architectes - dans les correspondances, dans les traités, dans des mémoires. Vauban s’y est distingué. Dans tous les cas, il s’agit bien de co-opération : œuvrer ensemble mais aussi forger un apprentissage au contact des choses et dans l’action, dans le rapport à l’adversité, à la matière (Simone Weil, citée par François Sigaut etc.).

Journée d’études organisée par Stéphane Blond (IDHE.S Évry – Univ. Évry – Université Paris-Saclay), Liliane Hilaire-Pérez (ICT – Université Paris 7 Paris-Diderot, Centre Koyré - EHESS) et Michèle Virol (GRHis – Université de Rouen Normandie)

Programme à télécharger en pièce jointe.

Partager ce contenu