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"Toujours esclave ou victime de l'homme". Rappresentazioni occidentali della donna cinese (1800-1860)

Alice Boeri

Résumé

Depuis l'âge des Lumières la condition féminine représente un facteur déterminant des caractéristiques des sociétés : le traitement réservé aux femmes définit le niveau de « barbarie » ou de « civilisation » d’une société. C’est la considération à partir de laquelle a commencé le travail de recherche de la thèse présentée. En effet, il est question d’analyser la représentation euro-américaine de la condition des femmes, des rôles de genre et des relations familiales dans la société chinoise, à travers une analyse des sources publiées entre les années 1830 et 1860. La période choisie représente l’entre-deux-guerres de l’Opium (1839-1842 ; 1856-1860), qui, avec les traités de paix, ont sanctionné l’ouverture progressive de la Chine aux « Occidentaux ». Cette recherche s'inscrit dans le champ et dans les méthodologies de l'histoire culturelle et des représentations : elle considère de quelle manière la condition féminine chinoise a été construite et façonnée à la lumière des relations politico-économiques sino-occidentales changeantes, mais également du débat contemporain sur la condition féminine, ainsi que des différentes intentionnalités, sensibilités et projets des auteurs. Les femmes chinoises voient leur subordination d’abord dans la famille, et deux défauts sont attribués au système familial confucéen et patriarcal : l’achat des épouses comme s’il s’agissait de biens, et la polygamie. Bien que les appartements privés chinois restent pour la plupart inaccessibles aux étrangers, les observateurs racontent les relations familiales et les hiérarchies, souvent à l’origine de la souffrance psychologique de la vie quotidienne des femmes (chapitre I). Parmi les souffrances qui ont lieu à la maison, il y a celle du bandage des pieds. Au XIXe siècle, la condamnation du bandage s’est renforcée : une torture imposée sur le corps féminin, qui présente des similitudes avec l'utilisation tout aussi déplorable du corset en Occident. Le bandage semble avoir un effet négatif sur la santé des femmes : un sujet cher aux médecins qui ouvrent des infrastructures hospitalières pour aider la population locale (ch. II). Aux yeux des commentateurs, le manque de considération pour la population féminine chinoise est évident depuis leur naissance, vécue comme une honte par la famille chinoise. Les missionnaires du XIXe siècle, en particulier les catholiques, donnent un écho particulier à son extraordinaire diffusion - une position qui a contribué au soutien économique des orphelinats qui sont devenus des institutions symboliques du renouveau de l’activisme catholique en Chine (ch. III). Le système éducatif chinois présente, lui aussi, un grave défaut : l'exclusion de la population féminine. L’éducation domestique traditionnelle insuffisante et l'analphabétisme représentent d'autres symboles de la condition subjuguée des femmes chinoises. Dès les années 1830, l'éducation est considérée comme un champ d'action sur lequel il faut intervenir rapidement et, avec l'arrivée des missionnaires, de petites écoles sont créées pour diffuser le message chrétien et enseigner des compétences « pratiques » afin de rendre les jeunes femmes « de demain » chrétiennes (ch. IV). La fin du système de Canton a entraîné une expansion lente et progressive des possibilités d'observation sur la Chine. Face aux images souvent très stéréotypées d'une réalité sociale composite, l'arrivée des médecins et des missionnaires à partir des années 1830 a offert aux lecteurs européens de nouvelles perspectives sur la réalité sociale chinoise, comme sur la vie et le corps de ces femmes. La représentation de la femme qui se dégage de cette recherche est une image essentiellement missionnaire, catholique et protestante, non seulement en raison de l'ensemble des sources mais aussi parce qu’ils ont été les auteurs les plus prolifiques sur ces questions et parce qu'à travers leurs œuvres, ils ont dû défendre, soutenir et rechercher des appuis pour différentes initiatives d'aide sociale.

Jury

  • Mme Antonella Romano (Directrice de thèse), EHESS
  • M. Guido Abbattista (Directeur de thèse), Université de Trieste
  • Mme Antonella Barzazi, Université de Padoue
  • M. Pablo Blitstein, EHESS
  • Mme Michela Bussotti, Ecole Française d’Extrême-Orient (EFEO)
  • M. Edoardo Tortarolo, Université Piemonte Orientale
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