Type et date de soutenanceSoutenance de thèse

Inventer l'Observatoire : sciences et politique sous Giovanni Domenico Cassini (1625-1712)

Dalia Deias

Résumé

En 1667, commence la construction de l’Observatoire à Paris. Dès son origine, c’est un projet qui représente une rupture dans l’Europe des savoirs. On le conçoit comme un magnifique palais installé dans un vaste parc au milieu d’autres constructions plus légères. Idéalement, les savants de la nouvelle Académie des sciences, fondée dans un même geste, pourront y loger, s’y réunir et y trouver toutes facilités pour se livrer à la pratique savante. Pour le roi, il s’agit avant tout de développer les connaissances astronomiques et géographiques : l’Observatoire est le réservoir de cette expertise cruciale et le symbole de son pouvoir et de son rayonnement.  Au carrefour des sciences studies, de l’histoire des pratiques d’observation astronomique et des études sur les correspondances savantes à l’âge classique, cette thèse a pour objet de revenir sur l’histoire de l’Observatoire, en interrogeant à nouveaux frais les contours précis du projet initial et les modalités de sa mise en œuvre dans le Grand Siècle, qui correspond aux premières décennies de son existence. Revisitant les travaux classiques des historiens des sciences, notre étude se structure autour d’un ensemble considérable de lettres et de notes inédites de Giovanni Domenico Cassini et de ses correspondants. Professeur d’astronomie à Bologne jusqu’en 1669, astronome royal et premier savant courtisan de Louis XIV par la suite, Cassini est appelé en France pour donner un avis sur le bâtiment en construction. Il y vivra et travaillera pendant tout le Grand Siècle : ses manuscrits constituent une source particulièrement riche pour étudier cette institution, réinterroger les choix fondamentaux la concernant et suivre l’évolution de son dessein.  De cet examen, nous concluons que bien que d’autres lieux d’observation céleste aient existé auparavant, Cassini invente une nouvelle forme d’organisation de la pratique savante. Fonctionnant sans règles explicites, l’Observatoire innove cependant grandement dans l’organisation du travail collectif au sein d’un établissement dédié à la pratique astronomique et dans la constitution de réseaux d’observateurs aux quatre coins du monde travaillant de manière coordonnée à la poursuite d’un projet commun au service de la monarchie. Nous montrons que le savant organise l’Observatoire autour d’un concept qui provient de son travail sur les méridiennes italiennes, l’esattezza des mesures et de l’écart entre terre et le ciel. Les techniques de l’Observatoire se répandront ainsi grâce à lui : les réseaux de sociabilité de l’Italien conditionneront le fonctionnement quotidien de l’établissement et la circulation des savoirs dans la ville et dans le monde entier.

Jury

  • M. Kapil Raj (Directeur de thèse), EHESS
  • M. David Aubin (Co-Directeur), Sorbonne Université
  • M. Gianenrico Bernasconi, Université de Neuchâtel
  • M. Jérôme Lamy, CNRS
  • Mme Irène Passeron, Sorbonne Université
  • M. Simon Schaffer, Université de Cambridge
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