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Javier Alcalde

Conférences
Javier Alcalde

Javier Alcalde teaches Political Science and International Relations at Open University of Catalonia. He has a PhD from European University Institute. He has been a researcher at different institutions, including the Centre on Social Movement Studies at Scuola Normale Superiore and the International Catalan Institute for Peace. He will take part in the Visiting Professors Program hosted by EHESS and Anne Rasmussen and Pascal Dubourg-Glatigny in June 2021.

Some of his latest publications are: "A special relationship: The Esperanto movement and pacifism in Zamenhof’s time" (in Language as Hope, edited by Viola Beckmann and Liliana Ruth Feierstein, Hentrich & Hentrich, 2021); “Pioneers of Internationalism: Esperanto during the First World War" (in Multilingual Environments in the Great War, edited by Christophe Declercq and Julian Walker, Bloomsbury Academic, 2021) and “Esperanto” (in Routledge Handbook of Marx's Capital: A Global History of Translation, Dissemination and Reception, edited by Marcello Musto and Babak Amini, forthcoming). Together with José María Salguero he edited "Antaŭ unu jarcento. Esperanto kaj la granda milito" [One century ago. Esperanto and the Great War], 2018.

He is a member of the editorial team in the research project Militrakonto. A transnational look at World War II.

Contact : jalcaldevi@uoc.edu

Conférences

L'espéranto dans l'exil républicain espagnol

Dans le cadre de la séance du séminaire Global de l’Institut Convergences Migrations de Claire Zalc « Les langues dans la migration »

Après de brèves notes personnelles en lien avec une précédente recherche à Calais et dans d'autres camps de réfugiés sur les problèmes linguistiques rencontrés par les exilés contemporains, l’exposé présentera le cas de l'espéranto dans les communautés de réfugiés de la guerre d’Espagne (1936-39). Dans les années 30 du siècle dernier, l'espéranto s'est répandu en Espagne à une échelle qu'il nous est aujourd'hui difficile d'imaginer. Il y avait des espérantistes dans toutes les couches sociales, mais surtout dans les différentes versions du mouvement ouvrier. Notamment parmi les anarchistes, il était très populaire au point qu'il était considéré comme faisant partie de leur identité.
L’exposé suivra l'itinéraire de vie d'Eduardo Vivancos (Barcelone 1920 - Toronto 2020) : son idéalisme de jeunesse, sa participation à la guerre et l'expérience traumatisante des camps de concentration français. Vivancos fait partie des centaines de milliers de vaincus qui partent en exil en 1939 ; beaucoup ne reviendront jamais. En France, les jeunes libertaires créent L'Internationale de la jeunesse anarchiste, dont l’organe de presse sera entièrement rédigé en espéranto. Le directeur sera Vivancos et il jouera un rôle clé dans la connexion des libertaires européens et asiatiques.
En 1954, il partira pour le Canada, où les espérantistes locaux l'aideront à repartir de zéro. De son côté, il sera un moteur de l'espéranto à Toronto pendant des décennies, alors qu'il reste actif dans le mouvement libertaire international et dans la lutte anti-franquiste. Aussi en Argentine et au Vénézuela, les réfugiés espagnols seront importants dans la réactivation du mouvement espérantiste dans ces pays. Un grand nombre d'espérantistes de différentes tendances se réfugient au Mexique (anarchistes, socialistes, nationalistes catalans etc.) et formeront les réseaux espérantistes qui leur permettront dans bien des cas de reconstruire leur vie. La langue internationale joue un rôle qui va au-delà de l'aspect purement linguistique.

  • Mercredi 5 février 2020, 14h-16h / Collège de France, Site Berthelot, 11 Place Marcelin Berthelot, Paris 5e, salle 01

Les pionniers de l’internationalisme : l’espéranto durant la Première Guerre mondiale

Dans le cadre du séminaire de Stéphane Audoin-Rouzeau et Laurence Campa « Écrire la Grande Guerre (1914-2014) »

L’exposé présentera en premier lieu la littérature scientifique récente sur l’histoire du mouvement espérantiste. Il décrira ensuite le contexte des premières décennies de l’espéranto depuis une perspective géopolitique, alors que les débats sur la langue auxiliaire était à l’ordre du jour des instances internationales et que le mouvement espérantiste acquit rapidement le soutien d’une partie des intellectuels, en particulier de plusieurs lauréats du prix Nobel. Il illustrera l’apparition précoce d’organisations internationales espérantistes destinées à différents groupes sociaux comme les cheminots, les médecins, les végétariens, les franc-maçons, les catholiques, les scouts ou les pacifistes. Mais l’exposé se concentrera sur la cristallisation du mouvement à l’aube et pendant la guerre. Près de 4 000 personnes de cinquante pays étaient inscrites au congrès international d’espéranto qui devait se tenir en août 1914 à Paris. Parmi les participants,on comptait un grand nombre de militants pacifistes connus à l’échelle de leurs pays et qui avaient l’intention de transformer le congrès d’espéranto en tribunal de la guerre qui s’annonçait. Fortement affaibli par le conflit, le mouvement n’en arrêta pas pour autant ses activités. Durant la guerre, les organisations espérantistes jouèrent un rôle dans l’action humanitaire en lien avec la Croix-Rouge, notamment pour la localisation des personnes déplacées et intensifièrent leur action d’information à travers divers périodiques. L’activité se prolongea également dans de nombreux camps de prisonniers, des deux côtés du conflit, et permit l’émergence d’une nouvelle génération d’activistes.
Sera également examinée la position de Zamenhof, pacifiste radical, à l’égard de la question géo-politique. Elle est connue principalement à travers son « appel aux diplomates » (1915) qui tirait déjà les conséquences de la nouvelle partition de l’Europe, inévitable à l’issue du conflit et formulait une série de propositions destinées à désamorcer le nationalisme fratricide tout en reconnaissant pleinement le droit des peuples à décider de leur futur.

  • Lundi 12 avril 2021, 9h-13h / en ligne

Le mouvement espérantiste à l’Est de l’Europe : une difficile sortie de guerre ?

Dans le cadre du séminaire d’Alain Blum, Masha Cerovic et Catherine Gousseff « Mondes russe, caucasien, centre-asiatique et centre-européen : sources et méthodes. Mobilité et reconfigurations des sociétés à l’Est de l’Europe »

Les premiers efforts pour relancer le mouvement espérantiste se sont heurtés à de nombreux obstacles de la part des autorités. Les anciens espérantistes ouvriers, qui avaient beaucoup souffert pendant la période nazie, ont été particulièrement choqués par ces difficultés. Qu'est-ce qui a poussé les régimes à limiter/ interdire la diffusion de l'espéranto ? La même peur de la correspondance étrangère et autres contacts ingérables qu’il y avait en 1937/38 en Union soviétique et en 1941 dans les pays baltes. Cependant, la répression de l'espéranto n'était pas absolue dans le bloc communiste ; elle varie d'un pays à l'autre et dépend largement de chaque autorité.
La mort de Staline en 1953 a permis d'entrer dans une nouvelle période, plus positive pour les espérantistes. Selon plusieurs critères, le mouvement social le plus important en Europe de l'Est pendant la période communiste était précisément l’espérantiste. Jusque dans les années 90, il y avait plus d'associations d'espéranto dans ces pays que d’associations sur les droits de l'homme, la paix, l'environnement, etc. De plus, les groupes d'espéranto avaient plus de connexions internationales que les autres.
Les années 1990 ont vu l'effondrement du mouvement espéranto dans les pays communistes, pour diverses raisons : (a) Dans le nouveau contexte, les gens ne dépendaient plus de l'espéranto pour voyager, car ils pouvaient avoir des contacts internationaux d'une manière différente ; (b) la crise économique a entraîné la fin du financement public du mouvement espérantiste ; (c) la fin de la guerre froide était aussi comprise comme la fin de l'Histoire, selon l'expression de Fukuyama. Le capitalisme avait gagné, y compris sa langue, qui est devenue la langue mondiale ; (d) L'espéranto était si étroitement lié au communisme que lorsque la vague anticommuniste est arrivée, elle impliquait également une action anti-espéranto.

  • Lundi 10 mai 2021, 17h-19h / en ligne

Espéranto (1887-1937) : une langue démocratique pour le mouvement ouvrier ?

Dans le cadre du séminaire de Christophe Prochasson « Histoire du socialisme »

Quant au mouvement ouvrier, la question de la langue internationale est depuis longtemps à l'ordre du jour et l'espéranto s'inscrit dans ce contexte idéologique. Il est considéré comme un outil de communication efficace pour unir les travailleurs des différents pays, surmontant ainsi les barrières linguistiques et le discours nationaliste que le capital utilise pour opprimer la classe prolétarienne. De plus, c'est une langue (relativement) facile à apprendre, même pour ceux qui passent douze heures par jour ou plus à l'usine. Le « latin des travailleurs » peut démocratiser un système linguistique qui ne profite qu'aux élites politiques et économiques, et en même temps permet de rêver à l'idéal de fraternité humaine.
Après cette brève introduction sur la montée de l'espéranto et sa réception par le mouvement ouvrier, nous voyagerons dans l'histoire du socialisme utopique pour trouver des précédents qui nous aideront à comprendre cette relation. Nous suivons ainsi les projets de Cabet, Weitling et Fourier, avant d'atteindre Proudhon et les débats de la Première Internationale. Evidemment, l'année 1887 est un tournant dans cette histoire et nous donnerons aussi quelques esquisses sur les débuts du mouvement espéranto. Ensuite, nous ferons un tour chronologique et non exhaustif des éléments les plus pertinents dans la construction de l'espérantisme libertaire et socialiste. Nous expliquerons que les espérantistes ouvriers, bien que majoritairement anarchistes, essaieront de créer des associations unitaires qui regroupent tous les espérantistes à tendance révolutionnaire.
L'entre-deux-guerres est un âge d'or pour le mouvement ouvrier espérantiste. Nous présenterons l'action de l'Association Anationale Mondiale (avec ses différentes divisions), ainsi que l'idéologie la plus extrême de l'internationalisme espéranto : l'anationalisme. Nous terminerons par quelques coups de pinceau sur l'évolution ultérieure de l'espérantisme ouvrier, notamment en ce qui concerne les persécutions subies au temps d'Hitler et de Staline.

  • Mercredi 26 mai 2021, 9h-11h / en ligne