Type d'événement, date(s) et adresse(s)Colloque et journée(s) d'étude
Du à 10h au à 17h.
Campus Condorcet, Bâtiment EHESS, salle 25A

Les pratiques transnationales émancipatrices

Chercheur(s) associé(s) Pascal Dubourg Glatigny
Universala Kongreso de Esperanto 21 Movada Foiro

Le cycle "Les pratiques transnationales émancipatrices. Expériences du long XXe siècle au prisme du paradigme espéranto" est composé de trois ateliers qui se tiendront en 2021 à Berlin, en 2022 à Bonn et en 2023 au Campus Condorcet. Ils sont ouverts aux étudiants en master, doctorat et aux jeunes chercheurs de toutes les universités.

Présentation générale

À partir de la fin du XIXe siècle, les échanges internationaux s’intensifient. Alors que les revendications nationales se renforcent avec la multiplication des États-nations, on voit apparaître des organisations interétatiques de niveau mondial. L’usage d'une poignée de langues dominantes se généralise parmi les élites. Cependant les organisations internationales qui visent à moderniser et à standardiser le monde se structurent toujours à partir du niveau national.

Dans le même temps, émergent de nombreux mouvements issus de mobilisations citoyennes ou militantes, qui se sont engagés sur une autre voie des relations entre des peuples de langues et de nationalités différentes. Ils ne partent pas de "l’unité nation" et visent avant tout à renforcer des échanges directs et promouvoir l’action collective transnationale.

Le "paradigme espéranto" intervient ici. À l’exemple du mouvement pour l’établissement et la diffusion d’une langue de communication internationale "neutre", nous nous intéressons à toute forme innovante et autonome d’association non contraignante entre des individus mettant en œuvre une action au-delà des frontières. En puisant des exemples dans différents domaines, nous chercherons à décrire et à caractériser ces expériences d'organisation décentralisée à l'échelle mondiale.

L'objectif du cycle d'ateliers est de fournir un lieu d’échange et de réflexion commune sur ces formes spécifiques de mondialisation, issues de mécanismes de mobilisation citoyenne ou militante mais sans projet direct et immédiat de transformation politique. Il s’agit enfin de favoriser l’émergence de terrains de recherche nouveaux, de poser la question de la constitution des sources relatives aux mobilisations transnationales non institutionnalisées.

"Sociétés transnationales et sociabilités nouvelles" (5-6 juillet 2023, Campus Condorcet, salle 25A)

A partir de la fin du XIXe siècle, les échanges internationaux s’intensifient. Alors que les revendications nationales se renforcent avec la multiplication des États-nations, on voit apparaître des formes de coordination internationale de niveau mondial. Des organisations interétatiques régissant les échanges sont créées. L’usage d'une poignée de langues dominantes se généralise parmi les élites, ce qui favorise le développement d’une sociabilité internationale s’exprimant notamment à travers les sociétés savantes et philanthropiques. Mais qu’il s’agisse de la première Internationale ouvrière en 1864 ou de la Chambre de commerce internationale en 1919, la mondialisation associative s’opère dans un cadre où des délégations nationales coopèrent et interagissent. Qu’elles émanent des États ou d'organisations de nature politique ou économique, les structures qui visent à moderniser et à standardiser le monde partent donc toujours d'une unité de base qui repose sur la nation.

Cependant, on observe l’émergence de nombreux mouvements issus de mécanismes de mobilisation citoyenne ou militante, qui se sont engagés sur une autre voie des relations entre des peuples de langues et de nationalités différentes : ne partant pas de « l’unité nation », sans projet direct et immédiat de transformation politique, ils renforcent les  échanges directs entre des citoyens partageant une même vision du monde. Ces mouvements ne reposent pas sur une théorie ou une structure associant les nations mais élaborent peu à peu des pratiques nouvelles de l’action collective transnationale. Opérant souvent dans des franges minoritaires de la société, leur contribution à l’établissement d’une sociabilité transnationale a été négligée par une histoire largement consacrée aux mouvements susceptibles d'entraîner les masses dans leur sillage. 

Sans attaches territoriales, les espérantistes créent rapidement leurs formes de mobilité propres. Leur sociabilité en réseaux souples et décentralisés donne lieu à de nouveaux modes de voyages. Les voyageurs espérantistes cherchent des expériences détachées des circuits standardisés, déplaçant le point de vue de l'ethnographe amateur. Cette inclination trouve aussi son expression collective dans des rencontres et congrès dont les villes d’accueil successives mettent en relation les lieux d’un espace symbolique. Dans cet esprit, loin des intérêts pécuniers de l’industrie touristique, les espérantistes ont établi dès 1974 leur système précurseur du couch surfing, grâce à la mise en place d’un Passeport Esperanto (Pasporta Servo) permettant de bénéficier d’un hébergement gratuit chez d’autres espérantistes. 

L’atelier a pour but de mettre en perspective les expériences innovantes de constitution de réseaux informels, de pratiques de mobilité et d’échanges internationaux avec celle très précoce des espérantistes. Dans cet esprit, les propositions analysant d’autres organisations, sociétés et réseaux sont vivement encouragées. 

Participation : appel à candidatures ICI

Programme à télécharger.

"Le pacifisme en pratique" (6-8 septembre 2022, Bonn)

Pacifisme et projets réformistes d’échelle mondiale ont été et restent étroitement liés. Depuis la fin du 19e siècle, on observe l'émergence de nombreux mouvements transnationaux issus de milieux citoyens ou politisés.

Les intentions pacifistes du mouvement espérantiste sont ancrées dans son acte de naissance. Elles ne se résument toutefois pas à l'idée naïve dans laquelle on les confine parfois et qui supposerait qu'un monde sans barrières linguistiques soit débarrassé des conflits armés. La proposition fondatrice de Zamenhof (1887) vise cependant clairement à neutraliser les risques de belligérance en abolissant toute forme de domination linguistique et culturelle. L'objectif premier de l'espéranto n'était pas de supprimer les nations, les États et les langues nationales. Il s'agissait plutôt de donner à chaque peuple, à chaque nation, à chaque groupe linguistique une voix égale, idéalement dans un monde durablement pacifié.

Les espérantistes partageaient leur vision avec de nombreux autres pacifistes qui se préoccupaient de l'instauration et du développement de pratiques culturelles visant l'abolition des inégalités sociales et la fin de l'exploitation capitaliste nationale coloniale. L’instauration de règles de commerce mondiales équitables était ainsi un argument régulièrement revendiqué pour parvenir à la paix. Mais aussi, dans un tout autre registre, l'égalité entre les hommes et les femmes.

C'est à ces questions et à d'autres domaines que sera consacré ce deuxième atelier. L'accent sera mis non seulement sur les idéaux pacifistes, mais aussi et surtout sur les nombreuses pratiques et instruments de différents groupes, organisations et mouvements. L'atelier s'interrogera sur les pratiques du pacifisme au sein et en dehors du mouvement espérantiste.Suivant le modèle du mouvement espérantiste, l'atelier vise toute forme innovante et autonome d'association non contraignante entre des individus et des groupes qui se sont formés au-delà des frontières et qui se sont engagés pour le pacifisme. A l'aide d'exemples issus de différents domaines, l'atelier se penchera sur les expériences d'organisation décentralisée au niveau mondial et se demandera comment les décrire et les caractériser.

L'objectif du cycle d'ateliers est de créer un lieu de discussion et de réflexion sur ces formes spécifiques de mondialisation issues de l'action de citoyens et de militants. Il s'agit notamment de discuter de l'émergence de nouveaux champs de recherche et de s'interroger sur la constitution de sources liées à des mouvements transnationaux non institutionnalisés.

"Pratiques des langues en contexte transnational" (6-8 septembre 2021, Berlin)

Les usages et circulations des langues minoritaires dans un contexte international permettent d’observer des fonctionnements « transversaux ». L'espéranto qui apparaît en 1887 constitue une expérience linguistique non centralisée. Le pouvoir de décision est rapidement dévolu à la communauté des locuteurs, qui fonctionne comme un « collège invisible » faisant évoluer la langue par l'usage. De même, les espérantistes font immédiatement un effort soutenu de diffusion auprès d'un grand nombre de communautés linguistiques, vers les langues « impériales » mais également en direction de peuples dominés et sans État. Ils s’adressent à l'ensemble de la communauté des nations, bien au-delà de l’Europe.

Dans d'autres registres de l'action collective, on s'intéressera au statut des langues et aux pratiques linguistiques dans les mouvements et/ou groupes transnationaux se revendiquant d'une éthique égalitaire. Les langues d'échange des communautés en migration ou en diaspora offrent aussi un terrain particulièrement riche pour l'analyse de ces circulations et usages linguistiques à l'échelle mondiale, qui échappent à une autorité linguistique centralisée.

Organisation

Pascal Dubourg-Glatigny (CNRS, CAK), France

Denis Eckert (CNRS, Centre Marc Bloch), Allemagne

- Martin Aust (Universität Bonn), Allemagne

Bernhard Struck (University of St Andrews, Scotland), Royaume-Uni

Partager ce contenu